Dieu que ce livre est difficile mais Dieu que ce livre est nécessaire! C'est un pur thriller sur l'extrême fragilité , l'infinie porosité entre l'état de bourreau et l'état de victime , c'est un livre qui vous permet de réfléchir à l'inanité du manichéisme! Non, dans toute nature humaine , rien n'est tout noir , rien n'est tout blanc , ce serait tellement trop simple! Et l'auteur , avec son brio habituel , un style hâché, saccadé , elliptique , nous fait prendre conscience de la totale opacité de l'âme humaine à travers l'exemple horrible et poisseux de la pédophilie! Ainsi Rémi , écrivain à la recherche créative inaboutie, ne s'est toujours pas remis de la disparition et probable enlèvement de sa petite fille Melissa il y a cinq ans! Le hasard ( mais en est-ce bien un?) d'une rencontre avec une ado adepte d'un jeu vidéo va l'entraîner , l'aspirer vers des mondes d'une noirceur insoupçonnable! Mais pourquoi donc est-il dans l'incapacité de résister à cette tentation morbide d'une invitation manifestement vénéneuse d'une "jeunette" en mal de sensations fortes et malintentionnée? Ce sera dès lors une très longue et irrémédiable descente aux enfers avec des scènes très "trash" qui ne doivent nullement vous apeurer car nécessaires pour moi à l'absolue noirceur de cette déviance inexcusable! Extrait :" La grande balance du monde tient en équilibre grâce au va-et-vient constant entre l'état de victime et celui de bourreau".  "On préférera toujours les résignations quotidiennes à la grande explosion brutale. Même si le quotidien est insupportable." Ne dirait-on pas une récente position cardinalice ayant défrayé la chronique , mais finalement pour un résultat si peu probant ? Un sujet très difficile à traiter que l'auteur a eu l'audace de tenter en mettant, si j'ose dire, "le paquet" et en n'épargnant surtout pas une certaine strate de la société! Une écriture sèche et sans concession pour une thématique à haut risque, tel un trapéziste sans filet et un numéro de haute voltige réussi. Un grand merci aux éditions French Pulp et à Melie Wolff, responsable de communication.