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Mais que m'arrive-t-il , me serais-je égaré en chemin, me serais-je fourvoyé dans des sentes de traverse, moi qui il y a encore quelques jours insistait sur mes genres de prédilection à l'exception de tout autre? Un peu saoulé par les ukases d'un marketing triomphaliste, par une curiosité que d'aucuns qualifieraient de malsaine, je n'ai pu résister aux sirènes médiatique, je n'ai pu résister à la tentation et je viens d'achever la lecture du dernier Houellebecq. Eh bien, la "Bête" est bien passée et ne s'est pas révélée si indigeste que cela! A part quelques passages peu goûteux et gratuitement "hard" qui font partie de l'image préfabriquée de l'impétrant, des expressions grossièrement homophobes dont se joue l'auteur avec une perverse délectation, de nombreuses pages ont découvert une pertinence, une incroyable lucidité sur la situation actuelle de l'agriculture française et ses causes profondes! Extrait :" Le problème était que les semenciers, les producteurs d'engrais et depesticides jouaient par leur existence même, sur le plan agricole, un rôle destructeur et létal, il était que cette agriculture intensive, basée sur des exploitations gigantesques et sur la maximisation du rendement à l'hectare, cette agro-industrie entièrement basée sur l'export, sur la séparation de l'agriculture et de l'élevage, était à mes yeux l'exact contraire de ce qu'il fallait faire si l'on voulait aboutir à un développement acceptable, il fallait au contraire privilégier la qualité, consommer local et produire local, protéger les sols et les nappes phréatiques en revenant à des assolements complexes et à l'utilisation des fertilisants animaux."  Il faut vous dire que l'auteur, utilisant le mode narratif JE, fait d'un ingénieur Agro son personnage principal mais un ingénieur non formaté aux diktats des technocrates européens! Et ce livre n'est qu'une longue et inexorable descente aux enfers entrecoupée du suicide spectaculaire de son meilleur ami exploitant agricole ( sujet systèmatiques mis sous le boisseau par les médias dominants!), à coups d'antidépresseurs et d'une vie sexuelle minable! Extrait:" L'argent allait à l'argent et accompagnait le pouvoir, tel était le dernier mot de l'organisation sociale".   Il y évoque aussi la fin de vie et fait le panégyrique des personnels de ce milieu :"Extrait "Les unités de soins palliatifs traitent ces demandes avec compétence et humanité, ce sont des gens admirables, ils appartiennent au contingent faible et courageux de ces "petites personnes admirables" qui permettent le fonctionnement de la société dans une période globalement inhumaine et merdique."   Il revient de façon récurrente sur l'univers agricole :"Ce qui se passe en ce moment avec l'agriculture en France, c'est un énorme plan social, le plus gros plan social à l'heure actuelle, mais c'est un plan social secret, invisible, où les gens disparaissent individuellement, dans leur coin, sans jamais donner matière à un sujet pour BFM."    Je dirai que le titre Sérotonine est nécessairement une litote car, en guise d'hormone du bonheur, le narrateur serait à coup sûr adepte de celle du malheur, voire du chagrin, comme lui précise son extravagant médecin traitant affublé du patronyme de docteur Azote!   Au final, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, avec néanmoins deux bémols d'importance : l'évocation d'une sexualité qui ne demandait qu'à être "traitée" de manière plus fine, et cette homophobie claironnante qui pose incontestablement question !  Pour pasticher un vieux politicien blanchi sous le harnais, bilan globalement positif !

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Commentaires (1)

Herbert José
  • 1. Herbert José (site web) | 10/01/2019
J'aime Houellebecq parce qu'il manie l'outrance avec génie. Et j'aime l'outrance, le dingue, le loufoque, le dérangeant, la dérision, l'impolitiquement correct, (je sais cet adverbe n'existe pas, et alors?) tout cela pimenté d'un chouia d'Espelette, façonné avec une langue agréable, bien écrite mais sans trop de fioritures. Et puis, si l'un de ses personnages prétend que Niort est une ville laide, où est le problème?

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