Que voilà un très grand roman noir sociétal, sinistrement représentatif, hyper symbolique de notre univers actuel.......TERRIBLE! Sébastien est un remarquable photojournaliste, parmi les plus grands reporters de guerre existants, mais il est en fin de carrière et coûte cher. Et puis avec l'avènement dévastateur du numérique, à quoi bon des photos aussi excellentes soient-elles, je vous le demande? Alors, avec d'autres collègues, il est jeté sans préavis et sans indemnité comme un chien. De son côté, Mado fait depuis des lustres un travail épuisant d'infirmière-chef dans un Ehpad en sous-effectifs, quand surgit une nouvelle directrice, une "cost-killer"  adepte des méthodes managériales à la hâche et pratiquant les injonctions paradoxales avec maestria. Elle considère les résidents comme des surcoûts à éliminer de tableaux excel , voyant ces personnes devenues improductives comme des scories, ni plus ni moins! C'est un portrait glaçant et affreusement réaliste de notre monde, inhumain, impersonnel, voué exclusivement au Dieu argent qui en est le maître-étalon. Extraits : "Je serais curieux de connatre le chiffre d'affaire global généré par le ômage de masse, entre les aides de l'Etat pour les licenciements, les formations de tout poil, les boîtes comme la vôtre, ça doit faire en tout un sacré paquet de pognon, sans compter qu'on nous traite de parasites."  "Les vieux, tout le monde s'en fout, sauf comme matière première des labos et des maisons de retraite. Ils sont moches, débiles, et ils puent. Les gens comme moi, c'est pareil, je suis trop vieille, obsolète, pas taillée pour la compétition. Des inutiles de toutes catégories, des poids morts. Combien de temps tu crois qu'ils vont nous tolérer, ça ne peut pas bien finir, aucune société ne peut vivre avec une telle proportion d'inutiles, tôt ou tard, ils nous élimineront."   Très vifs remerciements aux éditions havraises de Cerf et Mer .

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