Cet auteur, c'est indéniablement le chirurgien du polar car il enchaîne les pages avec une telle précision, si fine, si millimétrée, qu'il transforme le lecteur en voyeur de l'action! Vous y êtes, comme dans un film en 3D, et agrémenté d'une telle documentation que vous vous interrogez parfois : mais de quel bord est-il vraiment, du côté force obscure ou de celui de la loi, de l'ordre, et c'est toute l'ambivalence du personnage. Là, en l'occurrence, il revient en France après un long périple afghan caractérisé par une trilogie que nous ne sommes pas près d'oublier. Le 36, plus précisément les Stups, avec de nouveaux héros emblématiques, notamment Théo, un flic accusé du meurtre d'un dealer et incarcéré à La Santé, encore un individu se révélant ambigu, le gang de Momo, abusivement surnommé les Manouches mais en fait Yéniches, avec Manu, Nourredine, Lola, qui ont versé dans la "Blanche" qui est si profitable. Mais la précision de l'écrivain ne saurait s'arrêter là car il nous indique aussi le système et les parcours de cette poudre aux yeux d'or essaimant de la Bolivie et du Pérou puis l'Argentine, transitant par l'Espagne, ce qui procure un effet didactique impressionnant à ce splendide polar qui va nécessairement ravir les amateurs du genre. C'est un bijou qui se transforme sous nos yeux en pièce d'orfèvrerie grâce à l'expertise d'un maître du genre que je ne saurais que trop vous recommander. Et cerise sur un gâteau succulent , une citation d'Albert Camus :" Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde".  Très vifs remerciements à la Série Noire Gallimard, à Christelle Mata, attachée de presse.