Voilà un premier polar faisant appel à une actualité socialement brûlante, en l'occurrence sur fond de Gilets Jaunes. L'action démarre à Châteauroux, dans l'Indre profonde ,mais là comme ailleurs, au-delà des silences et de l'apparente apathie, la colère gronde et une étincelle suffit à l'enflammer. Le lecteur va donc suivre la montée en puissance d'un petit groupe excèdé par les rodomontades "macroniennes" et qui va commencer par s'installer sur un rond-point et construire un barrage. Il y a là Marie-jo, sorte de passionaria infirmière, Victor, quinquagénaire un tantinet hommasse, versé dans la précarité, Christophe, un aide-soignant de Romorantin meneur d'hommes, et qui décide une première fois de "monter" à Paris sur les champs , affronter les colonnes robotisées des forces de l'ordre. Au hasard des rencontres de foules, viendront s'y joindre notamment Sylvain, un picard pur jus échoué de Whirlpool et de Goodyear et s'agrégeaient quelques autres seconds rôles. Parallèlement, nous faisons la connaissance des flics Athibard et Champtin, orléanais, qui vont être chargés de l'affaire, car "grosse" affaire il va y avoir, et de la juge d'instruction qui sera désignée, personnages qui pratiquent ce qu'on appelle désormais sociologiquement "l'entre-soi". C'est une lecture passionnante de bout en bout, agrémentée de passages fort agréables sur la baie de Somme, et nous démontrant les motivations et les toujours possibles dérives de ce genre de mouvement spontané et pleinement justifié! On reconnaît bien le style journalistique de l'auteur , un professionnel d'un journal régional et mes plus vifs remerciements aux éditions de La Bouinotte, à Gilles Boizeau et son équipe.