Voilà un opus d'une noirceur profonde que son souvenir va vous marquer de façon indélébile, et c'est peu de le dire! Un village , Montcalme , ses indigènes et son bois de la Fauve, aussi étrange qu'effrayant, une cavalcade de personnages aussi rustres que des soudards couperosés, poignée de notables fin de race  tout juste bons à constituer un comité de vigilance à chasser le "bamboula", et des femmes soumises, réduites à la portion congrue, à l'excepton de Blanche qui, dans un ultime baroud d'honneur, zigouille son lâche de mari et pour corser l'opération sanglante, y ajoute son fils qui est en train d'en devenir la copie conforme! Un rythme effréné ponctue ce roman fort noir et paradoxalement pétri de vie, un style à couper le souffle vous emportant parfois dans un lyrisme échevelé qui vous laisse pantois! Un ouvrage d'une remarquable facture qui vous laissera longtemps l'image de ces femmes sur trois générations, sorte de Thelma et Louise, Blanche comme nouvelle Susan Sarandon, qui ont définitivement évacué leurs peurs ancillaires et se sont libérés du joug ancestral d'hobereaux avinés et intrinséquement violents. Le chapitre intitulé "La Fauve" est digne de figurer dans une anthologie de la littérature contemporaire tel une acmé de l'écriture, à coups de phrases elliptiques pharamineuses! Très vifs remerciements aux éditions Lajouanie, de grande qualité.  Allez , une petite dernière pour la route :" En haut des couilles en or, en bas des nouilles encore." Elle est pas belle , celle-là ?