La narration au scalpel de toutes les noirceurs et les turpitudes de l'âme humaine, dans la plus profonde des désespérances, tel se présente ce magnifique roman noir, écrit dans une langue superbe. Au centre de tout ce maelstrom méphitique, le capitaine Jourdan et sa complice de toujours , la nuit. Mais la nuit, la nature humaine se présente fréquemment sous ses aspects les plus maléfiques, et quand son équipe retrouve le cadavre d'une femme martyrisée, celui d'une famille entière, la mère et ses trois enfants, sauvagement abattue, et Louise, symbole des violences faites aux femmes, miraculeusement sauvée de la folie de son compagnon, Jourdan commence à ressentir le poids d'une trop lourde charge, surtout quand un malade poursuit à coup de couteaux sa traque des femmes. Extrait :"Il imagine à cet instant toutes ces saletés qui sortent des corps, retenues pendant la nuit, et il sait bien que les humains se défont de leur fange, se purgent de ce qu'ils ont accumulé des heures durant, résultat de toutes leurs activités de la journée, puisque c'est à ça qu'ils se résument, de molles machines à fabriquer de la merde, il sait bien, lui, que tout le jour ils vaqueront sous leur masque avenant, drapés, enrobés dans leurs habits, déguisés en êtres civilisés, travestis pour le grand carnaval sordide, grands singes savants, guenons rusées, tâchant de dominer leur état de rut permanent, leur violence, leurs rêves de puissance, leurs envies de meurtre, ces pulsions d'animaux qu'ils nomment amour, désir, ambition, ces mots qu'ils utilisent comme du papier hygiénique pour torcher leurs turpitudes. Tous les matins, ils vidangent la fosse septique qu'ils s'appliquent à remplir chaque jour, heure après heure, en feignant d'ignorer ce qui macère en eux."  Brillant, non?  Précision: ceci n'est pas un service presse. 

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