Le fabuleux point fort de cet opus qu'on pourrait qualifier de roman noir, c'est indéniablement sa construction, son architecture. C'est le genre de livre où le lecteur va se retrouver déstabilisé, chamboulé, blackboulé, à chaque chapitre en se posant la question : mais où tout ceci va t-il m'emmener? Au début, deux personnages particulièrement dissemblables, voire antinomiques : un auteur américain ployant sous les succès et les lauriers, Randall Hamilton, qui séjourne dans son lieu de prédilection, le Grand Hôtel du Cap Code et qui se réveille un jour complètement déboussolé, ne reconnaissant plus rien ni personne, de l'autre, un jeune auteur sans le sou qui tente désespérément de percer, Andy Marzano, réduit aux expédients, avec un seul ami, Logan. Le lecteur va donc suivre les cheminements mutuels de ces deux individus en s'interrogeant sur la méthode de l'auteur : comment va-t-il s'y prendre pour retomber sur ses pieds et faire se rejoindre à un moment ces deux individus? Il y parvient et c'est prodigieux, mais je ne vous en dirai pas davantage évidemment. C'est du très très grand, ça relève du tour de force et c'est terriblement addictif. Mais attention pour certains auteurs à ne pas confondre réalité et fiction et à ne pas ravaler leurs personnages au rang de marionnettes, Abigael en est le plus triste exemple. Cet auteur, en équivalent architectural, ce serait un peu un Gaudi livresque, un Ricardo Bofill littéraire. Très vifs remerciements aux éditions du Seuil, à Marie-Claire Chalvet et Caroline Guttman, attachées de presse.

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