Ce remarquable polar brille notamment par l'originalité de sa thématique, celle de la mante religieuse, vénéneuse, sulfureuse mangeuse d'hommes. Un personnage féminin fabuleux y est décrit, d'une totale et profonde noirceur au-delà d'appas singulièrement attractifs. C'est l'histoire de la destruction d'une dynastie d'ex-soyeux lyonnais, les Martin, à la richissime condition accumulée au fil des siècles et se présentant actuellement avec les visages de la mère, duègne, Gabrielle, et des deux fils, Pierre-Antoine et Charles-Henri. Mais c'était compter sans le destin qui a mis sur la route de l'aîné, Anica, une sculpturale croate à la séduction vipérine. Dès lors, leur univers si solide va progressivement se déliter sous l'emprise de cette redoutable et perverse virago. Anica, c'est Satan avec ou sans jupons , version féminine, tenant sous sa coupe des hommes présentés comme faibles ou de vulgaires marionnettes. A l'aide d'une écriture ciselée, tout en nuances et finesse, l'auteur nous offre des personnages dont aucun ne vous laissera indifférent, y compris parfois dans leur médiocrité. Les gendarmes quant à eux , sont sympathiques, compétents et obstinés, par exemple le jeune Deschamps, finaud, subtil. Et que de connaissances médicales et informatiques nous apporte, comme un supplément de plaisir, cet opus qui confirme tout le talent de cet auteur, récemment primé aux "Acadenîmes du polar".  Très vifs remerciements aux éditions M+ et à toute l'équipe.