Entre les quais de Saône et du Rhône, une description au ras du pavé de personnages se colletant avec le réel, aux lividités marquées par les vicissitudes de vies hachées, subies, ballotées, cabossées. Un ancien chirurgien suspendu des conseils de l'Ordre suite à un craquage en règle en vengeant sa fille, Philippe Fardaud, un commissaire à l'orée de la retraite, à l'affect débordant et au flair hyper actif, Antoine Demange, Un cafetier tenancier de bouchon, râleur impénitent et affabulateur gouailleur, Jérémy Courtecuisse, François Vilfranc alias Montauban, jeune délinquant à l'amateurisme confondant mais terriblement humain, et bien d'autres personnages pétris de cette terre glaise qui fait l'humanité profonde, émaillent cet opus furieusement attachant. A coup de phrases très courtes, souvent elliptiques, l'auteure nous emmène dans un voyage où la carte du tendre fait figure de fil conducteur émotif. Pour les lecteurs français si friands de classement et de petits tiroirs, ce n'est ni un polar, ni un roman de terroir, ni un roman social, mais certainement un salmigondis de toutes ces options, accompagné d'un indéniable brio scriptural qui ne saurait vous laisser indifférent. Je me souviendrai longtemps de Lyon et de ses traboules, soyez-en assurés. Extraits : "Les lâches n'engagent que les guerres qu'ils sont assurés de remporter sans le moindre fait d'armes, le courages des imbéciles."  "La peur rend les gens imbéciles."  "Chacun sa place, chacun son rang, le comptoir érigé tel un péage entre les classes de travailleurs, la crainte d'être éclaboussé par des hommes sans valeur." "Tant que l'argent nourrit le système, peu importe sa provenance, même sale, il profite et toujours des enfants meurent."  "Les gens ont la peur chevillée au corps, la trouille de tout, alors ils aiment s'assurer, c'est une manière de repousser l'échéance". .Très vifs reêmemerciements aux éditions Calmann-Lévy, à Mélanie Rousset, attachée de presse.