L'inspecteur Hugo Bolloren ne s'aime pas beaucoup et doute perpétuellement de ses capacités, contrairement à sa mère, grande journaliste qui, malheureusement est en train de les perdre, saloperie de maladie. Vous l'avez compris, c'est un anti-héros qui recèle néanmoins de singulières particularités, comme celle de posséder une bille qui provoque l'étincelle dans ses enquêtes. Il se retrouve ainsi à Lille au coeur d'une étonnante affaire, comme une sorte de consultant de la P.J. locale pour l'assassinat d'un petit garçon migrant, Jimcaale, au milieu de la plus grande décharge publique sise à la frontière franco/belge, "Terra Nullius", la terre de nulle part constituée au fil des décennies des déchets, des scories de la société de consommation, jouxtant un camp de laissés pour compte. Quel talent de portraitiste que cet auteur, impressionnant, tant du côté des marginaux que des policiers, Mani la matrone, Sarah la réfugiée, Narong l'espion, Raphael le flic humaniste, son collègue Côme le jovial, Lulu la stagiaire intrépide, Antoine le comédien vrai/faux témoin, Loraine la dépressive chronique, Sandrine la dévouée ambitieuse, quel carrousel, quel caravansérail, plus que passionnant , addictif. Et ce cadre, unique en son genre, à lui seul un personnage, cette terre sans maître jouant à elle seule un rôle prépondérant et ô combien symbolique de notre monde. Extraits :" La pudeur linguistique, c'est le déni de la pensée". "Les habitudes, ce sont des bouts de cercueil qu'on assemble jour après jour jusqu'à ce que la grande boîte soit prête à nous accueillir." "Le petit pouvoir pousse aux grandes phrases chez les petites personnes."  Un grand moment de lecture.  Très vifs remerciements aux éditions Hugo, à Bertrand Pirel, à Célia Giglio, attachée de presse. 

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