Voilà un sujet complètement occulté par notre Histoire nationale, à l'exception de plaisanteries puériles concernant la prise de la smala d'Abdelkader et la casquette du père Bugeaud, car c'est de l'arrivée des premiers colons , je déteste d'ailleurs ce terme, au XIX siècle sur la terre d'Algérie dont nous parlent ces deux tomes remarquablement écrits par un couple après moult recherches. De 1848 à 1889, nous allons suivre ces quelques familles et individus à travers leurs pérégrinations fort difficiles, tumultueuses, ponctuées de drames, de réussites, de joies, de déceptions, marquées par leur courage , leur persévérance, leur solidarité, leur esprit de famille, en dépit d'une terre foncièrement hostile et de populations autotochnes défiantes. Non, le colon n'était pas intrinséquement mauvais, non, le natif n'était pas intrinséquement bon, la réalité est toujours grise, dans un mitan plus nuancé, foin de ce manichéisme. Les premières populations abordant ce nouveau monde y ont été poussées par la faim et l'absence de travail, dont l'Armée ou l'exil étaient l'une des rares portes de sortie. Mais quelle galerie de personnages, tous plus attachants les uns que les autres, les Baptiste, Philibert, Justine, Jean, Albertine, Jules, Moktar, Philippe, Anna, Victor, Gustave, Ange, une fresque d'individus forts, puissants, à l'âme humaniste , d'un pierrier à l'édification d'une vraie communauté villageoise, contemporaine de Louis-Philippe à la 3ème République. Oui, j'ai adoré cette saga du bled, dans l'Oranais profond, dont on pressent déjà les tragédies du XXème siècle à venir. Chouette , FORT PASSIONNANT. Très vifs remerciements à Muriel et Yves Carchon.

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