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Hédoniste, épicurien, voilà le trait dominant de ce polar d'anticipation mais c'est loin de correspondre au seul aspect de l'opus. Car derrière le vernis du gourmet rabelaisien se dresse le visage d'une France en état de siège, sous contrôle social total, donc totalitaire, avec des drones, des caméras à repérage facial, de carnets d'approvisionnement, de maisons de redressement alimentaire et autres joyeusetés. Alors quand le duo de flics de la police alimentaire se retrouve avec sur les bras le meurtre d'une cinquantenaire obèse à poil face à des reliefs d'un repas plantureux, la situation se complique sérieusement et ce n'est pas le soleil provençal au pied du Ventoux qui va résoudre l'équation! Le langage, les personnages sont burlesques indéniablement et cependant, ce futur finalement si proche , nous sommes en 2046, fait peur par son côté oppressant, cette absence orwélienne de liberté, cette dérive effrayante de l'exploitation de l'intelligence artificielle! Mais quelle écriture, certains passages sont irrésistibles en dépit de toute cette noirceur, et c'est là la marque du talent. Extrait :" Se comporter en héroine, elle se demande pourquoi, lorsqu'une femme se redresse pour se battre, pour avoir une place, on lui attribue un nom de drogue dure." "Etre vieux, ce n'est pas approcher de la fin, c'est passer des décennies à ne pas mourir." " Avant, on cherchait à prendre du bon temps sans avoir de gosses, maintenant, moins on pond, plus on couve."  "Ne pas vendre le rhum avant d'avoir imbibé le baba."  "Un vieux qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle et un jardinier, c'est de la planète qui s'en va, de l'avenir qui s'évapore, de l'espoir qui fout le camp, ces bienfaiteurs de l'humanité devraient remplacer les saints du calendrier. Lecture particulièrement recommandable.  NSP.

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