Ce livre magnifique , bourré d'humanité à chaque page, est celui de deux enfants nés dans la misère sociale la plus crasse et qui, à force de détermination, d'obstination, vont tenter en dépit de moult obstacles et péripéties, de cortir par des moyens pas toujours très licites et parfois violents, d'en sortir. Mais que c'est dur et que le plafond de verre de la pauvreté indécrottable est difficile à surmonter. C'est donc Kalya, tourmenté , quel bel euphémisme, par son ferrailleur d'adoptant, et Hugo alias Sans-Nom, fils d'une péripatéticienne occasionnelle et portée sur les divins breuvages, que le lecteur va suivre de l'enfance à l'âge adulte, traversant d'incroyables aventures. Ils sont d'abord fusionnels, décident de ne plus se quitter, comme l'avers et l'envers d'une même médaille sauf que un énorme quiproquo va générer une fuite éperdue d'Hugo qui, tel un chemineau des temps modernes, va dès lors, écumer la campagne en laissant sur son passage des traces sanglantes de son périple. Je ne vous parle même de la charge violente contre les mouvements sectaires qui va suivre, qui nous en apprend davantage sur ces dérives que bien des thèses ad hoc. Cet opus , c'est une quête, de l'amitié, de l'amour qui transgresse les origines, les ethnies, les milieux, qui renverse les préjugés, les présupposés , car rien ne peut arrêter Hugo et Kalia dans le lien indéfectible qui les unit. Le paradis des vauriens , c'est ce lieu improbable , entre casse et ronces, où ils se sont connus tous deux pour la vie. Lecture hautement recommandable. Vifs remerciements aux éditions Slatkine.