Un brillantissime premier roman plongé dans le maelstrom sulfureux de l'Afrique des grands lacs, ces pays pourris jusqu'à l'os par la gangrène de la corruption, Ouganda, Rwanda, Congo, tel se présente cet opus ô combien passionnant. Une écriture finement structurée, comme sculptée dans la glaise de la langue, aide à éclairer ce salmigondis de trafics tous azimuts, dominé par l'or, cet objet de toutes les convoitises et de toutes les spéculations. Au milieu de ce marigot, des personnages emblématiques tentent de surnager, comme Pierre, ancien journaliste français parti désespérément à la recherche de sa fille Anne , disparue dans les entrelacs de l'Est du Congo car trop curieuse, Juliet, autre journaliste ougandaise , courageuse, inconsciente, amoureuse parfois inconsidérée de la vérité sous les non-dits, Ibrahim, chirurgien en révolte contre l'ignominieuse et écoeurante nécrose du pouvoir! Non, ces personnages ne sauraient vous laisser insensibles ou alors, c'est à désespérer de l'humanité toute entière. Mais , bon Dieu, quel style, chirurgical, d'une précision quasi pointilliste. Extraits : " Il n'avait fait qu'obéir, et l'on est coupable de rien lorsque l'on ne fait que servir." Cette citation pourrait correspondre à un précepte nazi, vous ne trouvez pas? Et celle-ci, corroborant le racisme endémique :" Le prix de la vie est inversement corrélé à la pigmentation de l'épiderme". Cynisme éhonté certes, mais n'est-ce pas la vérité dans toute sa cruauté? Mais quel bel opus que je ne saurais trop recommander. Très vifs remerciements aux éditions du Rouergue, à Laure Wachter, attachée de presse.

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