Pour pasticher l'une des plus célèbres chansons de ce bon vieux vieux Georges Brassens, "tout est bon chez lui, sur l'île déserte, il faut vous l'emporter"! Oui je sais, encore un panégyrique, une dithyrambe, et pourtant......c'est un bouquin merveilleux et terrible de 450 pages qui va vous emporter, vous emballer, vous transporter. Ce sont deux frères syriens emportés dans la tourmente de l'islamisme radical, au milieu de ces décérébrés du bulbe, de ces fanatiques incultes, ils s'appellent Nizar et Habib dont le seul but, comme beaucoup d'autres, est de s'échapper de cette folie. A quelques milliers de kilomètres, il y a Hadija capitaine de police en proie à des affres amoureuses avec Alan, Karim responsable d'une association humanitaire et Francis, autiste Asperger adjoint d'Hadija. Ils se situent sur Deauville et Ouistreham, trouvent un tronc et un bras humain dont ils soupçonnent l'origine migrante. Ces thématiques de l'immigration clandestine et du cauchemar vécu par ces hommes à travers des personnages si finement dessinés que le fusain n'y suffirait pas, vont vous scotcher dans votre fauteuil. Et Hadija, fabuleuse policière, souvent sur le fil du rasoir, intenable, vivant à fond dans une impossible coalescence ses registres professionnels et amoureux, une personne emblématique au centre de cette galaxie infernale, dont le moindre n'est pas Abou Anouar al Farensi alias.......laissons le voile envelopper une insondable réalité, pardon pour cet humour très noir! Une seule solution, lire ce livre, un véritable viatique contre l'ignorance et la bêtise crasses, pétri d'humanisme.  Extraits :" On apprend vite à devenir invisible quand on est traqué."  "Il n'y a pas plus raciste que des anciens immigrés vis-à-vis des nouveaux".  "S'indigner n'est pas suffisant, à un moment, il faut y aller, agir, tout le monde est complice de ce qui se passe en Syrie."  Oui vraiment, un magnifique opus! Très vifs remerciements à l'auteur.