Picaresque , c'est vraiment le qualificatif qui s'applique parfaitement à ce polar un tantinet déjanté qui, en ne se prenant pas du tout au sérieux, parvient à aborder des sujets graves! Le passé mémoriel n'est pas le moindre de ces sujets, concernant les relations toujours sulfureuses des décennies après ce qu'on a nommé hypocritement "les évènements", entre la France et l'Algérie. L'auteur a mis beaucoup de lui-même dans cet opus, en se dissimulant à peine derrière son personnage fétiche de Thomas Fiera, engagé dans une aventure à la fois rocambolesque et terriblement personnelle. Bien sûr , il emmène bien malgré lui ce vieillard égrotant de Joseph, si drôle et si pénible, il retrouve Adélaide, son époustouflante compagne, va traverser maintes aventures aussi dangereuses que dantesques mais pas que.......Et que dire du style, j'aurai pu consacrer cette chronique uniquement à des extraits textuels mais j'ai du réduire la voilure. Exemples : "Riches ou miséreux, ingambes ou impotents, la plupart des vieux, quand la solitude les frappe, ne sont plus rien d'autre que cela :des vieux."  "Ils sont toxiques, leur existence est une injure à la vie et si l'univers avait la moindre cohérence, leur souffle devrait suffire à faner les fleurs."  "Tous ces traîne-misère venus en Algérie parce qu'ils crevaient de faim dans leurs pays d'origine, Espagne ou Italie pour l'essentiel, ont trouvé une forme de promotion sociale dans le fait que les Arabes étaient moins bien lotis qu'eux. Comme les petits Blancs de Louisiane avaient besoin de la misère des Noirs pour exister, le petit peuple pied-noir avait besoin de la colonisation pour affirmer une supériorité imaginaire."  Et tout ça pour une course au trésor digne de Stevenson, je vous jure. Un immense plaisir de lecture, le pied mais pas nécessairement noir.  Vifs remerciements aux éditions Lajouanie , Caroline et Jean-Charles.