C'est l'histoire du parcours pour le moins erratique d'un homme qui se cherche et qui va se retrouver de l'autre côté de la barrière, passant allègrement de jeune flic brillamment intégré, à voleur puis dealer, puis quasi ermite, à la limite du squatter campagnard. C'est un opus sur la porosité, sur la fragilité, sur l'aisance de la transgression. C'est Xavier qui, le jour du constat d'un décès, vole une médaille au domicile de la défunte mais il est pris et c'est le début de la descente aux enfers. Révoqué, il devient barman dans un quartier parisien dévolu aux drogués et il plonge. Manu et Pascal, de sa famille proche, le tire de ses "embarras" et lui trouve une planque au fin fond de la ruralité. Seul ,un campement proche de marginaux, foncièrement hostile à la maréchaussée, aux pouvoirs établis, lui tient lieu de compagnie aléatoire. C'est un excellent polar, addictif, comprenant une foultitude de personnages tous les plus hauts en couleurs les uns que les autres, parfaitement décrits, accompagné d'un rythme soutenu, d'un scénario très visuel, avec un bémol néanmoins, quelques redondances quant au style. Extrait : "Lors des chasses qu'elle organisait, d'autres nobles et des bourgeois fortunés rappliquaient en mal de sensations fortes et de mondanités pour poursuivre le cerf qui finissait souvent, otage affolé de la cruauté des hommes, sa folle échappée dans un étang, utilisant l'eau comme ultime rempart contre la mort, protection qui s'avérait presque toujours dérisoire. La bête nageait, son corps déchirant la surface de l'eau, stressée au maximum, poursuivie par la meute de chiens hurlants. Une barque s'approchait jusqu'à la toucher et son regard déjà presque déserté par la vie voyait alors surgir le métal brillant d'une dague tenue par une main qui s'enfonçait, remuait dans son cou , laboutait sa chair, rougissait l'eau alentour. Ensuite, la carcasse de l'animal était ramenée au bord du plan d'eau et après un bref cérémonial suranné, les chiens, masse compacte affamée et surexcitée étaient invités à se jeter sur elle, museaux fouineurs l'éviscérant, arrachant sa viande par lambeaux dans un concert de grognements remplaçant le son des cors, laissant à l'issue de leur festin un squelette couleur sang."  Vifs remerciements aux éditions Lajouanie , Caroline et Jean-Charles.

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