Il existe d'innombrables éléments qui me font aimer le genre noir , dont le polar, bien au-delà des autres catégories. Le présent opus en est une parfaite illustration; on y découvre en effet les différents us et coutumes et ce, dans tous les domaines, qu'ils soient historique, géographique, culinaire, et tant d'autres, de ce terroir bien spécifique qu'est le pays audomarois, donc de Saint-Omer. L'intrigue est classique certes, sur fond de vengeance au long cours avec une pincée de généalogie. Le tandem Letelliez/Chevrières , qui devient fusionnel au fil des pages, est parfaitement rendu et ce n'est pas le fait de retrouver deux cadavres de jeunes filles éviscérées dans les marais qui démontrera le contraire. Mais quel est donc ce malade mental qui se joue des "watergangs" à leurs dépens et ce n'est pas l'utilisation chaotique du bacôve pour enquêter dans leurs familles qui va leur être d'un grand secours. Excellent polar, fort bien écrit, aux rebondissements incessants, aux pistes trompeuses, dans un terroir aussi marécageux que sa population, où le passé, démoniaque, maintient son emprise maléfique sur des autochtones taiseux. Pour un premier opus, je ne peux que saluer sa réussite, ses attraits, la profonde imagination de l'auteur Extrait :" Il était deveni froid, distant, taciturne et méfiant. Ses émotions, elles, toutes contrôlées, rationalisées. Dans cet univers implacable à l'espace-temps sonnant et trébuchant, chaque chose avait sa valeur et sa place, tout était classé, compartimenté jusqu'à la vie elle-même et reflétait la forme la plus aboutie de capitalisme darwinien." Et je ne saurais oublier de remercier Kevin Chalot, Aubane Editions, d'aider à l'émergence de nouveaux auteurs talentueux.