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Du rural noir , très sombre et pourtant excellentissime, où l'auteure, brillante, à l'aide d'un texte court mais dense et riche, nous offre à lire la narration d'un père oisif, paumé, plongé dans un ennui incommensurable en pleine Beauce, au milieu de nulle part. Une épouse qui fait bouillir la marmite, un fils ado dont il voudrait faire un chasseur, sa grande passion. Surgit un nouveau voisin, manifestement un jeune citadin, qui va bouleverser ce paysage réduit aux acquets, car à l'exception de quelques amis de beuverie et compagnons le fusil sur l'épaule, Philippe est terriblement seul. Ce voisin , il va commencer par l'épier, le scruter, le transpercer pour mieux l'appréhender. Mais que c'est dur d'intégrer une bande quand on est parisien, pourtant séduisant et charismatique. Julien y parviendra , mais à quel prix. Il n'y a pas d'espoir dans cet opus, extrêmement réaliste , avec des portraits au scalpel et des descriptions de la nature d'une redoutable précision, et un sens de la prédiction écologique apocalyptique mais si lucide. Philippe écrit à un neveu , Pierre, perdu de vue depuis longtemps, au crépuscule de sa vie, pour lui conter les évènements qui l'ont achevé, car il n'a plus que lui dans sa famille. Un roman couleur obsidienne où éclate le talent d'une auteure à nulle autre pareille dont le lecteur sent pointer les penchants scénaristiques dont elle est friande ! Extrait :" La nature, il ne fallait ni l'aimer, ni la mépriser : il fallait la craindre." Les véritables chasseurs , à cette occasion, voient leur image singulièrement réhabilitée, a contrario des viandards qui occupent trop souvent le devant de la scène. Vifs remerciements à Gallimard, à Christelle Mata, attachée de presse, et Stéphanie Delestre.

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