L'Afrique Noire, plus particulièrement le Cameroun, dans le début des années soixante. Comme quelques pays de ce continent, anciennes colonies de la France, ce sont les tous débuts de l'indépendance, enfin de l'indépendance, entendons-nous bien, la mise en place de gouvernements fantoches pour complaire au droit international, mais la poursuite de la mainmise économique sur le pactole potentiel des sous-sols de ces pays, dont le Cameroun. Une écriture fort limpide ponctue cet opus , à travers des personnages superbement dessinés, tels Luc, journaliste débutant suite à une démission de policier, Antoine, corse marseillais à la lisière grise de la légalité, Sirius, mercenaire déguisé derrière un uniforme et aux méthodes musclées, Lucille , héritière d'un hôtel/restaurant à Yaoundé qui lui bouffe l'oxygène, Célestin, chauffeur de taxi camourenais à la proverbiale serviabilité, Alphonse, commis de cuisine à Marseillais mais surtout opposant camerounais au régime de son pays , corrompu jusqu'à l'os. C'est un pan entier et complètement occulté de notre honteuse histoire nationale qui nous est dévoilé par le truchement de ce roman noir, où défilent des figures trop bien connues de notre propre histoire, comme les sulfureux Gaston Deferre et Jacques Foccart, un certain François Mitterrand, toujours aussi florentin, un Pasqua à peine dissimulé sous les traits d'un Monsieur Charles, sosie d'un Fernandel mais en beaucoup moins drôle, même avec une faconde similaire! Extraits :" Il n'en revenait jamais de la capacité des citoyens français à occulter leur parcours collectif quand il brillait d'une lumière peu flatteuse". "C'était la beauté de l'économie moderne , sauf qu'il ne voyait pas en quoi elle différait de l'ancienne et il en comprenait parfaitement bien son fonctionnement : ceux qui tenaient le manche finissaient toujours plus riches que ceux qui se prenaient la cognée sur le coin de la gueule".  Un grand remerciement à la Série Noire Gallimard et à Christelle Mata, attachée de presse.

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