S'il y a un polar qui ne se prend pas au sérieux, dont l'auteur a du prendre son pied en l'écrivant, où on rencontre des personnages si truculents, si hauts en couleur, que vous n'êtes pas prêts de refermer vos zygomatiques, c'est bien celui-là ! Sous des airs de totale désinvolture, il s'y trouve néanmoins insérés des vérités criantes et des indignations vertueuses dont la critique acérée d'une version d'un néo/libéralisme débridée ne sera pas l'une des moindres! La comparaison critique et antinomique des deux bourgades voisines de Berck et du Touquet n'est pas non plus acidulée. Drôle, mais d'une causticité grinçante, jaunâtre qui, sous l'aspect d'un scénario désopilant, souligne sans forfanterie l'injustice et la bêtise crasse de ce monde! Les Primer, ces ultra/riches faussement raffinés, ne sont de fait que des rapaces, des prédateurs aux méthodes sulfureuses qui atteignent des sommets de cynisme. Alors, quand le fiston desire se marier avec une descendante d'aristocrate fin de race, c'est la goutte d'eau, car dans le même temps, la dynastie industrielle vient de fermer l'usine locale pour la délocaliser en Pologne; ça ne vous rappelle rien, allez , faîtes un effort. Alors, Augustin va s'en donner à coeur joie et ça en devient burlesque, baroque, le tout sur un rythme d'enfer. Extraits : "Nous avons été tellement conditionnés à écarquiller les yeux devant le luxe."  "Voilà la force des riches! Parce que les pauvres se résignent. On les incite, on les force à se résigner, l'Eglise, les médias, on nous abrutit avec la télé, la pub. Consommez! Bavez d'envie devant les vitrines, la berline ou la jeep que vous ne pourrez jamais vous acheter et contentez-vous de votre sort."  "Il faudrait régler le problème des migrants économiques, des vrais. Je veux parler de tous ces riches qui s'expatrient pour ne pas payer d'impôts, qui engraissent les paradis fiscaux, le problème, ce n'est pas l'ouvrier sénégalais ou macédonien qui vient ici tenter de sortir de la misère, ce sont tous nos V.I.P. filant à l'étranger pour garder le plus possible de leur fortune."  Un grand merci à Aubane éditions et à Kevin Chalot, le patron. 

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