"Le Festin de l'Aube" de Janis Otsiemi

Libreville , capitale du Gabon , pauvreté , violence , misère, politique mafieuse , guerre interethnique! Voilà le tableau est brossé et il n'est pas reluisant ! Pourtant, dans ce cloaque , flics et gendarmes tentent de continuer à faire leur boulot , et ce, malgrè une animosité réciproque! C'est à cette occasion qu'un soir, en revenant de goguette, le lieutenant Boukinga heurte une inconnue manifestement en piteux état ! Hospitalisation d'urgence , soins intensifs, néanmoins elle meurt et la cause de la mort est si surprenante qu'elle met la puce à l'oreille de la gendarmerie: un taux de venin dix fois supérieur à un décès assuré! Dans le même temps, la police est sur un cambriolage qui inquiète jusqu'aux hautes sphères car un entrepôt d'armement a été dévalisé avec un sens certain du professionnalisme! Autant le reconnaître , c'est mon premier Janis Otsiemi et ce ne sera pas mon dernier! Dépaysement, exotisme et esprit de dénonciation assurés! Et ces proverbes, cette langue extraordinaire, chatoyante.  Extraits: "Il prit une longue inspiration et éjacula les circonstances de l'accident."   "Il se laissa choir sur une chaise dont les pieds firent pleurer le carrelage".  "Quand on coupe le mollet, que la cuisse ne se réjouisse pas". "On ne chasse pas quelqu'un d'une réunion de buveurs en lui cassant une calebasse sur la tête". Réjouissant, drôle , malgrè un contexte délétère et peu affriolant, cela dénote de la part de l'auteur un certain recul, un détachement qui ne l'empêchent pas de frapper vite et bien certaines cibles qui ne méritent que notre opprobre! ça sort fort la Françafrique dans les polars d'Otsiemi, ça fleure la décomposition et le putride, manquerait plus que le personnage sulfureux de Robert Bourgy et le tableau serait complet! Moi, j'aime ça, pourquoi pas vous? Merci aux édition Jigal et à Jimmy Gallier pour leur gentillesse.