"Duplicata" de Franco Mannara

Certains , adorant notamment dans ce pays, étiqueter les choses et les êtres, qualifieraient cet ouvrage de post-apocalyptique! Eh bien , je serai beaucoup plus réservé et malheureusement lucide en le traitant de prémonitoire ou presque.....Dans cette France qui nous est décrite comme réintroduisant la peine de mort à l'aide d'une machine diabolique, ce pouvoir qui agite la peur sécuritaire et qui utilise l'arme bactériologique pour parvenir à ses fins dictatoriales, qui pourrait sincèrement me dire que nous en sommes si éloignés? Yésus ( évidemment un pseudo) va l'apprendre à ses dépens et être victime d'une machination infernale qui aurait du le mener aux confins de la mort si, si........n'avait surgi miraculeusement Echo et son équipe de hackers mais qui est-elle vraiment et quelles sont ses motivations? Attention, c'est une lecture très prenante, au rythme particulièrement soutenu ( le lecteur ressent avec évidence que l'auteur est musicien/rocker!) qui ne vous laissera pas une seule page de repos, de pause! Extrait :"Noir.Son.Bruit.A Droite.Souffle.A Gauche.Autour.Assis.Dos au mur.Tête.Cassée.Tête.Brûlure.Noir.Autour".    La pandémie bubonique s'est installée sur la ville. Extrait: " Il comprend qu'un glissement invisible s'opère, que le pays des Lumières vient de prendre un sacré coup de boule,que l'ampoule a explosé et que la lumière s'est éteinte.L'illusion démocratique a fait long feu.Elle glisse des mains de tous ces gens qu'il croise sans qu'ils s'en rendent vraiment compte.La majorité ne fait plus qu'accueillir l'information.L'intégrer jusqu'au bout des ongles, minute après minute, ne rien rater mais ne rien vraiment savoir.La société du désastre, désir d'être abreuvé en permanence, oralité niveau zéro.La tétée de news kérosène, d'infos pétrole, toxiques à vous coller la chiasse dès le matin.La chiasse ou la frousse. Et on en redemande, et on se cloître, coincés entre la dictature en marche et la peste bubonique." Je ne sais pas vous mais j'appécie particulièrement ce dernier passage qui démontre chez l'auteur une méchante lucidité. Et puis, cette dernière pirouette cinéphilique : "Je n'ai pas peur de la mort, mais quand elle se présentera, j'aimerais autant être absent." Bref, c'est un sacré bouquin, drôle, caustique, très noir,lanceur d'alerte, désillusionné quant à la nature humaine et ses immondes travers!  Un conseil: lisez-le avant la faillite générale !!!