Un roman noir d'une subtilité, d'une finesse à nulle autre pareil , un scénario arachnéen où même Dédale se serait perdu dans les méandres labyrinthiques d'un opus tiré au cordeau, millimétré tel un schéma de géomètre diabolique ! Magnifique, splendide! Alex et son mari Antoine tiennent une maison d'hôtes près de Nantes avec leurs deux filles, un couple calme, paisible, apparemment stable, jusqu'à l'irruption de Charles Berrier, écrivain très médiatisé au profil manifestement double, un côté public avenant et invasif, et une face nettement plus sombre et inquiètante, version dans le montre des lettres de Jekyll et Hyde! Le soir de ses quarante ans, sur sa propriété, Alex va subir une tentative de viol de sa part et en se défendant, va le tuer! Dès lors, après une dissimulation pénible du "corpus delicti" et s'être obligée au silence vis-à-vis de son mari en lui faisant croire que Charles s'isolait pour écrire, Alex , passionnée par le personnage sulfureux de Xavier Dupont de Ligonnes (allez savoir pourquoi?) va entamer une odyssée incroyable sur Paris pour se rapprocher de son environnement ( familial, professionnel, amoureux) et s'inventer un personnage double, imaginaire, elle, personne timorée qui va se découvrir des ressources insoupçonnées pour parvenir à son objectif ultime, un objectif fou ( que bien sûr , je ne dévoilerai pas ici !). Quelle écriture , quelle histoire labyrinthique et hallucinante faite de miroirs déformants et prismatiques qui prend le lecteur par la main, l'emmène dans une course folle entre la réalité et l'imaginaire, pour savoir qui, de ces deux entités a priori antinomique, va l'emporter! Alex s'est lancée dans un projet que beaucoup à juste titre considérerait comme herculéen et voué à l'échec mais en est-on si sûr? Cet ouvrage est un bijou de faux-semblants, de mensonges, de réputations surfaites et de marketing dévoyé! Une écriture ciselée au proft d'une noirceur abyssale! Encore une chronique laudative oseront me dire certains? Oui, et je l'assume car Mme Marpeau est assurément l'une de mes auteures du Noir préférées quand on sait aussi qu'elle est celle qui ose ces inénarrables dialogues du Capitaine Marleau! Un exemple de cette teneur dans cet opus : " Savez-vous pourquoi Angela Merkel est toujours de mauvaise humeur? Parce que le matin, quand elle se lève et se regarde dans le miroir, elle se voit". J'imagine parfaitement l'actrice Corinne Masiero dire ce genre de choses avec son phrasé inimitable, pas vous? Bravo Elsa, vous êtes une grande et un grand merci à Série Noire Gallimard et à Christelle Mata, attachée de presse!