Un pianiste de jazz, un peu hédoniste , un peu glandeur , un peu séducteur et atteint d'un handicap particulièrement prégnant, la cécité! Tel se présente le personnage principal de ce premier roman dont il reste à savoir s'il s'en sert auprès de son entourage d'un atout? Je ne saurai le préciser vraiment à l'issue de cette lecture et je crois que l'auteur non plus! Mais quel style , c'est vraiment l'élément qui m'a le plus étonné, voire désarçonné dans cet opus de littérature générale , genre auquel je n'ai pas hésité à me confronter dans ce cas de figure et sans aucun regret! Au moment où nous l'abordons, Lucien éprouve des difficultés à se remettre de son veuvage il y a deux ans , Catherine était tout pour lui et il partageait les mêmes valeurs! Mais quand une rencontre fortuite le met au contact de Sophie, architecte, il ressent que quelque chose de nouveau est peut-être possible, sauf que Sophie a un impératif besoin de changer d'air et que lui.....pas du tout et que "voyage autour de ma chambre" de Xavier de Maistre est l'une de ses oeuvres préférées, c'est dire! Alors, quand Sophie lui propose un trek au Maroc, il rechigne, il renâcle puis finit par cèder , peu enjoué! En fait, c'est un personnage qui, indépendamment de son handicap, passe son temps à ne pas choisir, éternel indécis! Malgré mon indéniable appétence pour le Noir, j'ai beaucoup apprécié cet opus et suis parvenu à rentrer en symbiose , notamment avec ce personnage, au final trop lymphatique pour être antipathique! Et maintenant extraits :" L'inconvénient de la démocratie consiste moins dans le fait de demander leur avis à tous que dans le fait d'entretenir chacun dans l'illusion qu'il est investi du pouvoir d'influencer la destinée d'autrui. De là cet air qu'ils ont, les braves électeurs, de croire que leur vision du bien a partout le droit de s'exhiber. L'soloir fabrique à la chaîne de tout petits despotes. Des tyrans véritables, ils n'ont ni le pouvoir, ni la majesté, mais ils ont l'arrogance. Le démocratie, c'est la tyrannie douce et molle d'une armée de semi-dictateurs manchots et impuissants."   "Les voilà donc, les vingt-cinq pour cent d'invisibles du coin, ceux qu'on muselle et cache, les vrais étrangers, gênants de différence, les autochtones du cru, ceux que le tourisme offense, qui s'impose aux regards, qui désorganise le cadre, qui enlaidit le décor, qui fournit son insidieux cortège d'atteintes aux traditions, qui lâche des mollets de femmes nus où ils n'ont rien à faire, qui étale une opulence dont ils ne profitent pas et qui nourrit l'envie.  "En suivant ta logique, il suffirait au violeur d'indemniser leurs victimes pour devenir leurs amants légitimes..."   Oui vraiment, une excellente surprise et j'en profite pour remercier le libraire des "Livres Enchantés" de m'avoir prêté cet ouvrage!  Si par hasard, vous vous trouvez dans le coin, sachez que l'auteur est invité au salon du livre, dans le château de Tilloloy ce prochain 1er Mai.