Un vrai roman noir social , abusivement classé dans de la "Blanche"! En effet , c'est l'exacte et désespérante retranscription de la lente et irréverversible "descente aux enfers" de portions entières de certains de nos territoires, comme laissés en jachère par nos politiques économiques désastreuses ,comme mettant à l'encan des régions complètes et subséquamment les populations durectement concernées! Ce n'est plus de l'aménagement du territoire mais du déménagement du territoire! Ici , c'est spécifiquement Romorantin, petite ville du Loir-et-Cher , prétentieusement appelée capitale de la Sologne qui est au centre de l'opus mais tant d'autres petites et moyennes villes se retrouvent dans le même oeil du cyclone! La Sologne , ses forêts giboyeuse, ses brumes, son absence de travail sinon sous la forme la plus précaire, sous payé et sous considéré, et cette ville qui n'a jamais pu vraiment se redynamiser à la suite de l'effondrement il y a quelques décennies , de sa "locomotive" économique, j'ai nommé Matra et ses générations d'ouvriers, et qui avait réussi l'intégtation d'une population importante de travailleurs magrhébins de la première génération ! L'auteure, devenue comme miraculeusement journaliste grâce à son potentiel et son désir puissant de s'extraire de cette gangue furieusement provinciale et surannée, a voulu retrouver des ancien(e)s condisciples d'école et constater leurs trajectoires ! C'est passionnant et édifiant , ça en dit beaucoup plus long que de jargonneuses et absconses thèses de sociologie comparée! Un vrai travail de journaliste de terrain, au ras du sol , entre la morgue d'un édile enkysté dans "sa" ville comme un hobereau en son royaume , et d'anciens collégiens et collégiens comme elle , resté(e)s comme figé(e)s dans la même glaise ad vitam aeternam! Entre les femmes de ménage surexploitées et un "miraculé" parvenu à créer son propre garage qui a pris un essor incroyable , quelques lueurs d'espoir émergent d'un univers à dominante saumâtre! Ainsi survit la Sologne , inextricablement enclavée, encalminée à deux pas d'une chasse royale ( Chambord) où s'exprime avec une suffisance dédaigneuse tout le mépris d'une élite décadente ! Un petit bijou journalistique certes , que ce nécessaire opus mais quel effarement à l'issue de da lecture, effarement devant les béances d'un pays , le nôtre, qui fut si beau! Toute ressemblance avec la localité où je réside , Péronne ( Somme), serait évidemment purement fortuite !