Voilà un ouvrage qui a provoqué chez moi comme une singulière résonance avec notre actualité hexagonale! Quand la police retrouve le corps du sénateur Etienne Ferrand étrangement situé dans la chambre d'un hôtel de Clermont-Ferrand ( justement), sénateur qui devrait être à Vichy en train de voter non et d'être le seul à porter ce refus des pleins pouvoirs au maréchal Pétain , l'inspecteur Joseph Dumont est en droit de s'interroger sur les mobiles du meurtre : politiques, crapuleux , voire passionnels ? En pleine débâcle militaire, gouvernementale et sociétale, le malheureux Joseph n'y comprend goutte! Car dans le même temps, certains de ses collègues, tels Nestor ou Champeix son commissaire font l'objet d'homicides ou de tentatives : la Cagoule ( la 5ème Colonne) est-elle dans le coup malgré sa dissolution officielle car Ferrand était Franc-Maçon, donc.....En ces temps sombres de compromissions, trahisons, coups de Jarnac en tous genres, le pire n'est jamais à écarter, surtout pas! De plus, l'auteur ( dont c'est le premier opus) nous fait découvrir ce sinistre nouveau Paris de l'an 40, et l'Auvergne sous le choc ( pas encore occupée) et notamment Clermont, en excluant Chamalières et Royat, qui sentent déjà le fumet collaborationniste ( la maison Thévenet en est le meilleur exemple! Extrait: "Henri Thévenet ne supportait pas l'ambiance de sa famille.Ils étaient tous confits comme les fruits de son père.!" Et après tout, rencontrant par hasard un réfugié ingénieur de chez Citroen, ce crime de sang ne relèverait-il pas de l'espionnage industriel, se dit Joseph? Et au total, est-ce si important quand le nouveau régime en cours de gestation semble faire siens les principes d'un Etat fasciste? :Extrait "nous avons déjà les coupables, assemblez les preuves contre eux pour les traduire devant une justice qui les a déjà condamnés". Comme vous l'aurez nécessairement deviné, j'ai beaucoup apprécié ce polar semi.historique qui, de facto et quelque part, met en place le cadre à l'intérieur duquel va évoluer le sinistre Léon Sadorski de Romain Slocombe. Belle écriture, claire, fluide et énorme travail de documentation, et quand on voit surgir au détour d'une page, le nom de Péronne, on s'interroge : ai-je....ou non un urgent problème de vue, ce qui, vous l'avouerez, serait une question de survie!!  Un grand merci aux éditions De Borée et à Virginie Bourgeon, attachée de presse!