C'est l'histoire d'une femme ou plutôt l'histoire des femmes, de la condition féminine encore actuellement, et ce, malgré les beaux principes et les belles phrases étalés sur les frontiscipes publics, à travers la parabole de la course d'ultra/endurance! C'est Vera , femme mariée et mère de famille, ouvrière d'usine à la chaîne le jour qui, après une longue période d'abstinence de compétition suite à une injuste suspension pour un prétendu dopage, revient sur le devant de la scène à un âge déjà très honorable pour affronter à nouveau son éternelle concurrente Michèle Colnago! L'auteur ( pour moi, à ce jour, l'un des meilleurs auteurs français de polars/romans noirs) met en condition le lecteur afin que ce dernier entre complètement en empathie avec Vera; c'est ainsi que l'on va souffrir avec elle, rentrer dans son esprit, ses pensées y compris les parasites, que l'on va être à même de "mettre à plat" tous les aspects de sa vie, familiaux, professionnels, personnels ( les plus intimes comme les plus désolants tels ce sempiternel comportement du mâle, infect, vaniteux et salement "macho", voire violeur, le milieu du sport y est dépeint dans des couleurs très sombres!). Nous allons sentir cette arène improvisée où certain(e)s vont jouer jusqu'à leur propre vie à travers une course, ô combien symbolique! Car lorsque l'on court, on le fait pour soi mais aussi contre soi et ses propres turpitudes! Extrait :" Oubliez les physiques sveltes et gracieux des gazelles du demi-fond ou du marathon télévisuel. Oubliez les heptathloniennes et les sauteuses en hauteur aux quadriceps et aux muscles fessiers photogéniques. Oubliez les ports altiers, les canons de beauté grecque, les jambes longilignes accaparées par les grandes marques du sport, les cheveux tressés de perles multicolores, les jeunes nymphes de vingt ans aux hanches parfaites, les pré-retraitées de trente ans au sourire ravageur reconverties dans le manequinnat haute couture. Oubliez le monde merveilleux et ultra-normatif du grand barouf publicitaire sportif. Place aux corps imparfaits, celui des invisibles". Et il y en aurait tant d'autres possibles, de ces extraits symptômatiques de notre monde vérolé! Un "petit" texte mais un grand opus!  Un immense merci aux éditions IN8 et à Josée Guellil, attachée de presse.   

 

Ajouter un commentaire