Résumé :
À dix-sept ans, Antoine Durand est un lycéen brillant, sans histoires, qui grandit dans la banlieue huppée de Meudon. Jusqu'à ce dimanche de février où, dans la cuisine, Antoine pointe un fusil de chasse sur son père. Pour le braver, le faire rire, mais l'arme est chargée et le coup part. Xavier Durand meurt sur le coup.
Enquêtrice de personnalité, Clélia Rivoire se charge du dossier. Son travail : retracer la trajectoire de vie du prévenu, comprendre les raisons de son passage à l'acte et apporter des pièces au dossier en vue du procès. Mais le garçon est un roc. Aucune émotion, un discours maîtrisé et une fine connaissance du système judiciaire français. Que cache son arrogance ? Pourquoi refuse-t-il la main tendue de Clélia ?
Chronique :
Probablement l'une des chroniques les plus difficiles que j'ai eues à écrire tant la qualité et la densité de cet ouvrage se sont révélées exceptionnelles ! C'est une histoire à hauteur d'Homme au sens générique du terme que nous conte Sandrine Cohen à travers cet opus. Tout d'abord evacuons la forme qui n'est pas essentielle, bien qu'elle ait son importance. Car de facto, il n'y a pas de chapitres dans ce livre, ce qui provoque un continuum étonnant dans ce texte. Rassurez-vous, vous allez être malgré tout complètement happes par cet opus, comme moi je l'ai été ! C'est Antoine appelant Police-Secours pour signaler qu'il vient de tuer son père d'un coup de carabine, il a 17 ans. Clelia, enquêtrice de personnalité, accepte l'affaire, mais rapidement, elle ressent comme un sentiment de malaise, car elle perçoit cet aveu comme trop évident. Clelia est un personnage extraordinaire, on pourrait dire qu'elle crève l'écran ! Elle est écorchée vive, recèle une soif inextinguible de justice, éprouve un désir d'humanité jusqu'au bout de ses ongles qu'elle ronge frénétiquement. Soutenue par son mentor Isaac, juge d'instruction, et Samuel le policier, elle va dévoiler le subterfuge, car c'est Cybele la mère, qui est la meurtrière. C'est une femme battue, de couleur, et devant les yeux de Mélisse, la petite fille cadette, elle a abattu son mari persécuteur à bout portant. Mais Clelia veut aller plus loin, découvrir l'origine de ces violences infrafamiliales, sont-elles des reproductions de ces violences intergenerationnelles subies durant l'enfance ? Extraits : " Les procédures et les règles tuent lentement mais sûrement la capacité de révolte des êtres humains, leur capacité d'indignation. Bien sûr, il faut obéir, être un bon petit soldat, un mouton de Panurge ". Fin de l'extrait. Second extrait : " Le pouvoir des mots est aussi destructeur que les coups ". Fin du second extrait. Troisième extrait : " La prison mentale est la pire des prisons " . Fin du troisième et dernier extrait. Sacrée galerie de personnages nichée dans ces pages ! Clelia parviendra-t-elle, au bout de son obstination, à éviter la prison à Cybele ? Seule possibilité pour le savoir, lire cet opus magnifique qui va vous plonger dans les tréfonds de l'âme humaine ! N.S.P.