Un roman qui chevauche deux genres, principalement le noir apocalyptique, secondairement le polar classique, dans les deux cas d'excellente facture. Sur fond de très grave crise énergétique allant jusqu'au collapsus fatal, le black-out, Aymeric Le Bellec, cadre supérieur du mastodonte Amberfrog, du nom de son fondateur Jacques Amber, se retrouve piégé un soir dans le vestiaire féminin de l'entreprise par l'accorte Chloé, et surpris par la commère locale Pivoine! Ce ne sera que la scène d'ouverture d'une trajectoire rocambolesque et funèbre, mêlant allègrement les destinées privées et la décomposition sociétale d'un monde qui vit au-dessus de ses moyens, où tout est intriqué et fragilisé, entre le nucléaire, l'éolien, le solaire, le thermique, comme un château de cartes tendance jeu de mikado, quand notre inconscience collective joue avec les dés du hasard ! Quand les Hommes ne maîtrisent plus leurs fibres prométhéennes, l'enfer n'est plus très éloigné. Le style est très ciselé, précis telle une horloge , l'intrigue est bien construite, les personnages sont superbement campés, et le scénario nous avertit que nous nous trouvons sur un volcan mais chacun sait que nous pratiquons la politique de l'autruche! Oui, mais jusqu'à quand? Jusqu'à la catastrophe finale et sans retour? Cet opus m'a fait songer par certains côtés à Malevil, l'ouvrage de Robert Merle qui remonte déjà à quelques décennies.  Un grand merci aux éditions Lucien Souny et à Véronique Thabuis.