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"Ils ont voulu nous civiliser" de Marin Ledun

La violence endémique est enkystée en nous comme un chancre incurable , et son pseudopode légitimé , la guerre , en est le bras armé et ravageur! Ainsi, à travers des personnages ballotés par les évènements , ne maîtrisant plus aucune facette de leur existence , vivant à la marge d'expédients et de recels minables , Marin Ledun ( un auteur que je porte personnellement au firmament du roman noir) veut-il nous faire prendre conscience que l'immense majorité de l'humanité subit son destin sans avoir les moyens de le construire! Marin a situé son ouvrage dans les Landes, terroir qu'il connaît bien pour des raisons personnelles mais je pense qu'il aurait pu être situé sous n'importe quelle latitude! Ainsi nous offre-t-il une galerie de portraits sans concession , toujours sur le fil du rasoir , à la limite de la légalité et un jour, Thomas Ferrer, le personnage principal, va inopinément franchir la ligne jaune avec son "grossiste" avec à la clé un vol d'argent qui va générer une succession d'évènements allant crescendo dans le dramatique jusqu'a un final que je vous laisse le bonheur de découvrir!  Mais pour moi, il y a bien autre chose encore dans cet opus, c'est l'apparition d'une entité incontournable et impressionnante, c'est la tempête, le déchaînement de ces éléments sur lesquels l'Homme n'a plus de prise suite à son inconséquence et son avidité! (A ce moment, j'ai pensé à son "pote" , Pascal Dessaint, grand auteur noir et écologiste devant l'éternel)Et là aussi, force est de constater que l'inégalité et l'injustice règnent en marâtres sur les plus démunis! Il y a des scènes d'anthologie quand l'ouragan frappe, aveugle et vengeur! Comment ne pas comparer cette vengeance de la Nature avec le sempiternel et pathétique esprit vengeur de l'être humain? Les quatre principaux personnages qui traversent le roman , Ferrer, Corral , Baxter , Pécastaings , sont tous peu ou prou mus et tenaillés par cet esprit destructeur qui entraînera la perte de certains tandis que seuls Pecastaings dont ''l'âme est en quelque sorte " burinée" par le temps et les épreuves , en ressortira avec une forme de sérénité et Ferrer encore plus désabusé devant l'absurdité de la condition humaine!  J'ai adoré ce court roman ( 225 pages) , alerte, profond, sans illusion, lucide , avec un parfum d'amertume! Merci au talent de Marin Ledun qui est en train de se constituer un conséquent parcours d'auteur ( une vingtaine d'ouvrages à ce jour!) et à Olivia Castillon, son attachée de presse sans laquelle cette chronique n'aurait pu exister.  

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Commentaires (1)

VIDAL
  • 1. VIDAL | 27/10/2017
Cette couverture !!! J'aime beaucoup cet auteur aussi. Grrrr, encore un achat ! Belle chronique !

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