"L'Affaire Rose Keller" de Ludovic Miserole

Les années 1760. Paris et ce qui était alors sa proche banlieue. Crépuscule du règne de Louis XV. Une pauvresse, Rose Keller, Alsacienne d'origine, qui vient à la fois de perdre son mari et son travail, mendie dans la rue à la recherche de quelques piècettes quand elle est abordée via son laquais par un aristocrate de sa calèche qui lui offre un travail dans l'une de ses maisons! Rose, qui ne voit le mal nulle part et qui a faim, ne s'interroge pas davantage et monte dans la voiture! Va s'ensuivre alors pour elle la pire expérience de sa vie déjà pas très reluisante car elle est en fait tomber sur le marquis de Sade, sulfureux et pervers, le pire des tortionnaires qui soit ! Elle va subir dans cette maison sise à Arcueil les pires tortures imaginables mais teigneuse, volontaire, au prix d'efforts surhumains, elle va réussir l'impossible, s'échapper de l'enfer dans un état calamiteux! Moi qui ne suis pas particulièrement porté sur le polar historique ( même si je n'y sois pas hostile loin de là , et pourquoi diantre!), j'ai beaucoup apprécié dans cet opus la qualité et l'énormité du travail de recherche effectué par l'auteur ( des extraits de pièces et d'ordonnances émaillent régulièrement le récit !) ainsi que la retranscription voisine de la perfection de l'atmosphère de l'époque ( on voit les personnages, on les devine!). Et au final, le lecteur constate avec une perception voisine de l'abattement, que les riches, les "premiers de cordée" ( oui, j'ose!) parviennent à échapper aux règles du droit commun, quitte à en conclure que résignation et fatalisme seraient les sempiternelles deux mamelles d'une injustice immanente! Mais peut-être en ai-je déjà trop dit? Cet opus est donc quelque part d'une grande actualité, tristement. Un grand merci aux éditions French Pulp et à leur attachée de presse Kim Beci.