" Dégradation" de Benjamin Myers

ATTENTION, CHEF D'OEUVRE DU NOIR !!  Enorme coup de coeur !! Une adolescente disparaît avec son chien dans la lande désertique et glaçée du Nord Yorkshire! Son père, Ray Muncy , l'homme le plus riche du hameau, s'inquiète de suite et prévient la police locale et leur chef, Roy Pinder, manifestement peu enclin à se précipiter, peu motivé! Jusqu'à ce que les autorité qui n'y voient pas une affaire anodine , y envoie James Brindle, qui officie à la "Chambre Froide", service discret spécialisé dans les cas retors! Ce James Brindle est un drôle de personnage, pétri de tocs, toujours tiré à quatre épingles et ne buvant que son propre thé chaque jour de l'année. Et c'était sans compter aussi sur ce journaliste chasseur de scoops, véritable investigateur,Roddy Mace; ils vont ainsi former un tandem improbable et insolite, mais particulièrement opiniâtre! Dès l'abord, c'est un certain Steven Rutter qui va tenir la corde mais comment le prouver? C'est un être ignoble, repoussant, malodorant, infect, dont l'animalité transpire par tous les pores de sa peau crasseuse! Il est manifestement plus proche de ses cochons que de la condition humaine! Extrait: "Il cogne toujours.Et pense: neige glace chair poings os cheveux jambes écartées monstres froids seins sang mord mange tiens touche embrasse amour mère huile merde ecchymose éclate." Tout de suite, vous aurez remarqué quelque chose d'étonnant : l'absence de virgule!! Eh oui, il n'existe aucune virgule tout le long de ce texte de 390 pages, mais rassurez-vous, tous les autres signes de ponctuation y figurent ! Mais ça procure à l'ensemble de l'ouvrage un rythme fou, une musicalité très adaptée au fond très sombre de synopsis! Extrait :" affirmait qu'il était là pour se faire un nom faire fortune faire ses armes mais ça lui a vite passé; se considère comme anticapitaliste sans agir en conséquence; se considère comme un combattant de la liberté mais se sent piégé. N'est libéral que dans ses discours. Un humanitaire qui ne fait rien pour les humains. A peut-être un penchant pour les narcotiques et les plaisirs interlopes. D'ailleurs n'est-il pas un peu triste de constater qu'après s'être lancés dans de telles quêtes hédonistes ils ne comprennent toujours mieux la condition humaine? Tout est bon dans ce bouquin ( un peu comme dans le cochon d'ailleurs, qui joue un rôle non négligeable dans l'intrigue!) , le style, donc le rythme, l'action, les personnages admirablement croqués, les paysages, la noirceur et la bestialité, omniprésentes!  Et un dernier extrait pour la route:" Brindle recycle. Fait du compost avec ses pensées jusqu'à ce que de nouvelles idées germent sur le mélange bourbeux d'hypothèses et de faits décousus".  Allez, je vous laisse reprendre une activité normale et j'attends, quant à moi, avec une impatience fébrile, les prochaines traductions des autres opus de Benjamin Myers car ce ne serait, paraît-il, que le premier d'une longue liste!!  Rentrée littéraire 2018 (sortie le 11 septembre). Un très grand à Marie-Claire Chalvet, attachée de presse au Seuil collection Cadre Noir.

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