Salutaire et brillant, tels sont les deux qualificatifs qui me viennent immédiatement à l'esprit une fois et comme à regret la lecture de cet éclairant roman noir achevée! L'auteur, journaliste d'investigation, pour son premier ouvrage nous conte à travers trois personnages en prise directe avec l'actualité du moment, la période très sombre de la fin de la guerre d'Algérie sur notre territoire, Luc jeune inspecteur de police encore rempli d'idéalisme et de principes beaux comme l'Antique, Antoine bandit corse à l'ancienne pour qui l'Honneur reste enkysté dans sa culture profonde, et Sirius, nervi sans foi ni loi qui a traversé toutes les époques , y compris les plus troubles, avec un seul leitmotiv, l'Argent ! Un massacre familial des plus sordides va, par un hasard malencontreux, faire converger leurs trajectoires à l'origine si divergentes. Cet ouvrage, particulièrement talentueux , écrit d'une plume acérée, agrémenté d'une culture historique époustouflante que certains cercles occultes du pouvoir auraient bien voulu étouffer, est incroyablement addictif, passionnant , traversé de personnages aux portraits acides ( un Mitterrand  cultivant déjà une ambivalence opaque, Papon épouvantable d'inhumanité , glaciaire!) et d'évènements ignobles, tel Charonne , les Algériens jetés à la Seine en 1962 ! Et au milieu de ce raout insupportable , nos trois hommes travaillent vaille que vaille avec des horizons et des objectifs bien différents cette société si violente et perturbée! Quel magnifique opus, qui permet au lecteur de se retourner sur un passé à la fois si proche et si lointain, et qui, soixante plus tard , reste profondément ancré chez nous, Français, dans nos esprits et nos manières de voir les choses, les appréhender, les juger, qui a profondément marqué nos chairs, qu'elles soient anciennement colons, pieds-noirs, mahgrébines, et qui, des décennies après, laisse toujours une empreinte manifestement indélébiles dans nos esprits tourneboulés pour plusieurs générations!  SUPERBE, et espèrons-le, NON PREMONITOIRE......quoique.... Un grand merci à Série Noire Gallimard et à Christelle Mata, attachée de presse.  Extrait :" Quand un ouvrier piquait dans la caisse, c'était du vol, quand un ministre faisait la même chose, c'était juste un malentendu".  Conclusion comme dans le "Guêpard" de Visconti :"Quand tout change, rien ne change".!

Commentaires (1)

Gilles Guillon
  • 1. Gilles Guillon | 18/01/2019
J'ai failli l'acheter ce matin, mais il faut d'abord que je lise La Guerre est une ruse de Frédéric Paulin, qui m'a l'air passionnant.

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