Ou le Tragédie de l'Impuissance" , tel aurait pu être le second titre de cet opus ! Dans sa douce et liquéfiée ville de Parme dont le commissaire Soneri maîtrise la moindre des venelles et dont l'aspect débonnaire dissimule une lucidité tranchante et une indignation perpétuelle, survient un homicide domiciliaire apparemment banal et apparemment involontaire. Mais en est-on si sûr? Car dans une atmosphère oppressante servie par un climat lourd, pesant , à la canicule humide insoutenable , Soneri semble le seul à discerner l'irrésistible changement qui gagne la cité parmesane, car les Galluzzo, les Centavo et autre De Angelis émergent derrière les façades ripolinées d'une ville qui peu à peu, sombre sous la mainmise sulfureuse de la mafia calabraise! Et ce n'est pas Angéla , accorte avocate petite amie de Soneri qui pourra,malgré ses louables tentatives, sortir Soneri de ce guêpier arachnéen! Saupoudrez de quelques demis sels moldaves, épicez de quelques usuriers avides, saucez avec quelques duègnes impitoyables sous des dehors affables , et vous obtiendrez un superbe opus, noir de chez noir certes, mais ô combien réaliste et lucide!  Extraits : "Les troupeaux me font peur. Il faut toujours qu'ils aillent où on leur dit d'aller et qu'ils disent merci à ceux qui montrent les crocs et choisissent à leur place. Ils n'ont jamais d'idées, il sont bien contents que les autres en aient. Tous à la queue leu leu derrière celui qui crie le plus fort."   "Vous pensez vraiment que les gens la veulent, la liberté? Foutaises. La plupart ne veulent que le confort, ils n'en rien à foutre du reste. Les rébellions naissent toujours des ventres qui gargouillent, pas des cerveaux qui pensent." Et il y en aurait eu tant d'autres possibles, aussi percutants! Alors oui, cet opus est magnifique, orchestré de main de maître par un orfèvre du roman noir dont j'avais, avec grand bonheur, déjà suivi les précédentes publications ! Alors, un immense merci aux éditions Agullo, à Olivia Boissel, à Nelly Mladenov et à Nadége Agullo. 

Couverture du livre : Les Mains vides

 

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