Le LIVRE!!!!!!!!!! Un monument. Pourtant, dans les premières pages, rien ne m'autorisait à soupçonner ce que j'allai découvrir par la suite ! Alors voilà, que vous narre en résumé : c'est l'histoire tragique de Rose qui refait surface inopinément à travers ses Cahiers soigneusement dissimulés à l'insu de tous et c'est un parcours de vie terrible! Par un cheminement tortueux, le prêtre Gabriel s'en retrouve destinataire , va les lire et nous en faire témoin! C'est somptueux.........de détresse! Rose est une petite paysanne originaire d'une famille extrêmement pauvre avec 4 filles dont elle est l'aînée. Le père dans un acte désespéré décide de la vendre à l'âge de 14 ans à un notable local, fin de race à la réputation sulfureuse, maître d'une forge décadente! Elle fera officiellement le ménage et la cuisine de la maison du maître mais rapidement, Rose, très futée, va prendre conscience que ce n'est pas l'objectif. Elle va aussi faire la connaissance d'Edmond , jardinier et ecuyer, pour lequel elle va ressentir dès l'abord une nette inclination! Puis, ce sera la descente progressive aux enfers jusqu'à son "forceage" ( il n'y a pas d'autre terme, scène horrible!), son marquage tel du cheptel et l'assassinat épouvantable, horrifique, de son père, venu en désespoir de cause la rechercher malgré la violence épouvantable de son maître, ce Charles impuissant et éruptif , couvé par une vieille mère atrabilaire et dépourvue de toute sensibilité! Et que dire du personnage du docteur, homme de l'ombre tutélaire, protecteur des plus basses besognes, dont le serment d'Hippocrate n'est certainement pas la vertu première! Et quel style , unique, avec une ponctuation qui vous déroute et en même temps vous "scotche" au texte! Et cela se poursuit crescendo sur 334 pages de pur bonheur livresque! Extrait :" Mère aux mamelles blessées par la denture tranchanche de l'engeance, qui observait ses petits combattants souillés de lisier; déchirée en tre l'envie d'être séparée et celle que la parenthèse maternelle dure encore un peu, avant de redevenir femelle, de sentir à nouveau la masse du verrat peser sur elle, qu'il la perfore, s'active sur sa croupe, la prenne, et gicle, afin d'agrafer la semence dans ses entrailles de truie."    "Etre lâche, c'est pas forcément reculer, ça peut simplement consister à faire un pas de côté pour plus rien voir de ce qui dérange.    " Les mots passent de ma tête à ma main avec une facilité que j'aurais jamais crue possible, même ceux que je pensais pas posséder. Les mots, ils me font sentir autrement, ils représentent la seule liberté à laquelle j'ai droit, une liberté qu'on ne peut pas me retirer, puisque personne sait qu'ils existent.  "Les mots, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je ne comprends pas toujours et que j'aime quand même, juste parce qu'ils sonnent bien. La musique qui en sort souvent est capable de m'emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. Je les appelle les mots magiciens : utopie, radieux, jovial , maladrerie, miscellanées, parangon, mitre, méridien , pyracantha, mausolée, billevesée, iota, ire, godelureau, mauresque, jurisprudence, confiteor, ils me semblent plus légers à porter que ceux qui disent. Ils sont de la nourriture pour ce qui s'envolera de mon corps quand je serai morte, ma musique à moi. C'est peut-être ce qu'on appelle une âme. Ces mots, je voudrais les emmener jusqu'au bout, gravés dans les feuilles de mon cahier."    "L'âme, c'est pas ce qui reste quand on est mort, c'est ce qui s'en va quand il reste plus rien à ranger."      J'aurais pu ainsi vous égrener à l'infini des passages qui sont autant de perles sur le chapelet scintillant d'une langue au firmament de l'écriture!!  Si je ne suis pas parvenu à vous convaincre, c'est que j'ai manqué à tous mes devoirs de "passeur de livres" et j'en serais fort marri !  Un immense merci à Pierre Fourniaud, à Marie-Anne Lacoma et au remarquable travail de personnes de l'ombre auxquels on ne songe jamais car, en l'occurrence, il(elle) ont effectué un boulot remarquable, Edith Noublanche et Hervé Dellouche! Et que dire de la couverture , mon Dieu !  

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