Un remarquable roman/polar qui entremêle avec un plaisir visible ( de la part de l'auteur) plusieurs éléments essentiels pour réussir au bout du bout un livre parfaitement abouti : une intrigue policière retorse , l'évocation ( ça va au-delà de la simple évocation d'ailleurs) d'un sujet audacieux, l'homosexualité en milieu "polardeux" (et à un haut niveau hiérarchique!), les relations complexes père/fils et leur non dits douloureux, la grave et longue maladie sans autre issue que la fatale! Autant dire que cet opus est singulièrement riche et dense, et ce d'autant plus, qu'il est servi par une écriture de haute volée agrémentée de citations culturelles du meilleur acabit. Brillant , très brillant ! Le commissaire Sergio Striggio, réfugié dans les Abruzzes, à Bolzano pour, espére-t-il, y vivre en toute liberté , son amour sans fard pour Léo , prof de lycée. Oui mais , un commissaire même à Bolzano, peut-il vivre une existence paisible? Son adjointe Elizabetta Menetti l'informe du signalement d'une disparition d'enfant pour le moins suspecte, celle de Michelle, enfant surdoué. De plus, Pietro, le père de Sergio , doit venir le retrouver sur place, lui qui ne voyage jamais, pour lui dire quoi, eux qui n'ont jamais rien à se dire? Pourquoi tous ces évènement apparemment sans lien, se bousculent-ils et risquent-ils de désarçonner l'univers placide du commissaire? C'est très étonnamment construit et complètement enchevêtré dans une splendide toile d'araignée, du travail d'orfèvre, de la dentelle! Extrait :" Alors que la route se cabrait légèrement, s'enfonçant parmi les châtaigneraies, la lumière vira à un gris-vert. On aurait dit qu'elle changeait de fonction: un peu plus bas, elle avait exalté la complexité de la végétation ripicole-la fragilité des aulnes vaporeux, la souplesse des saules, l'élégance des peupliers blancs et noirs. Cela équivalait à passer de Vermeer à Rothko, de Delft à la chapelle de Houston. Les bois de rouvres et de charmes noirs lui apprirent qu'il avait atteint les six ou sept cents mètres d'altitude. Il appuya sur l'accélérateur jusqu'aux assemblées d'ormes et de micocouliers qu'entrecoupaient les térébinthes."  Quelle prose somptueuse, à déguster. Et je suis particulièrement loin de vous avoir dévoilé tous les secrets de cet opus remarquable , une vraie découverte pour moi de cet auteur!  Un très grand merci aux éditions du Seuil et à Marie-Claire Chalvet, attachée de presse!  

Couverture du livre : Comment nous dire adieu

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