Impressionnant , tragique , violent , noir, très noir , dans un monde délètére obscurci par les trafics en tous genres, les destructions, la haine, les libertés annihilées, une ville de Paris dantesque au visage méconnaissable et martyrisé, tel se présente ce second opus du si charmant Eric Maravélias ( ce qu'il est en vrai.) La trame, à travers luttes intra/familiales, querelles intestines en vue de la mainmise sur les différents territoires quant au trafic de drogue, c'est le conflit latent, puis au grand jour entre les Macédoniens et Dante comme chef et les Albanais et Falcone comme représentant, et évidemment un "pognon de dingue" en filigrane! QUELLE ECRITURE, QUEL STYLE, QUEL RYTHME, QUE DE SCENES PAROXYSTIQUES!! Extraits :" Les vieux,les handicapés, les estropiés, tous les résidus de fauche couche de ce monde malade avaient le droit de quitter le navire".  "La silhouette de son vieux, qui avait bien trop bu, se levant au crépuscule, titubant comme un lourd chalutier malmené par les flots. Son visage buriné, sculpté par les embruns et la houle. Son imposante carcasse dans le ciré jaune, courbé sous le joug de ses misères successives. Comme supportant le poids de toute la poisse du monde."  "Ce type pouvait vous refiler le tétanos rien qu'en vous regardant."  "La jeune femme était morte. Du sang s'était écoulé de son ventre, maculant puis transperçant sa jolie robe avant d'aller tatouer le ciment blême. Elle avait une peau pâle et légèrement bleutée, comme transparente, le regard voilé sous ses paupières délicates, à demi-closes. Son visage d'un blanc de porcelaine, dégradé par l'empreinte de la mort, avait gardé, malgré cet ultime outrage, la pureté de ces déesses antiques, ces nymphes candides et voluptueuses, à la bouche charnue et aux formes arrondies. Telle une auréole de fibres cristallines, ses cheveux, encre noire et flamme auburn, formaient une corolle autour de sa tête. Elle était vraiment d'une beauté à couper le souffle, même dans cette position cruelle et obscène". (QUEL PORTRAIT.)  "La concurrence que se faisaient toutes ces crapules, les gérants de bars miteux, les propriétaires de clubs privés, les dealers, les proxénètes, les putes, n'était qu'un pauvre leurre. De la même manière que ne se cachaient que quelques hommes derrière les marques innombrables et variées de produits de consommation courante. Ils se servaient simplement d'une ribambelle d'intermédiaires." ( C'est fou ce que ce dernier passage ressemble trait pour trait à notre situation actuelle!!). Oui vraiment, ce roman noir doit, à mon sens, impérativement figurer, et en exergue, dans votre programme livresque de l'année, sinon c'est que j'aurai raté mon coup, manquant mon office de passeur!! Un immense merci à toi, Eric, pour ton talent et ton humanisme, ainsi qu'à la Série Noire Gallimard ( cette prodigieuse réserve à pépites!) et à Christelle Mata, sans laquelle rien ne serait possible !!  

Couverture du livre : Au nom du père 

Commentaires (1)

Maravelias
  • 1. Maravelias | 15/02/2019
Merci pour ton retour, Jean-Michel. Merci aussi de n'avoir rien dit de l'intrigue. C'est dépitant, parfois, de voir révéler des choses que tu gardais cachées pour le plaisir du lecteur.
Amicalement.

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